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Le mauvais Narcisse

 

D’une rencontre opportune,

Il fait de toi sa proie,

Il lit ton infortune,

Fait naître en toi l’émoi.

 

Dans un moment de brume,

Il te fait miroiter,

Une plénitude intense,

Te couvrant de baisers.

 

De la brèche à l’entaille,

Il s’empare de ton âme,

Il creuse le fond de tes failles,

Sa mainmise te condamne.

 

Il n’est en fait qu’une panse,

Toi son pain quotidien,

Ton beau regard l’encense,

Saveur d’être souverain.

 

Addicté à ce dieu,

Il te possède dès lors,

Il te jette dès qu’il peut,

Voilà ta mise à mort.

 

Haletant, suffoquant,

Il te laisse ventre à terre,

Méprisant, humiliant,

Ton besoin de lui plaire.

 

Ton corps saignant ouvert,

Tu cherches en toi l’erreur,

Il rit de ton enfer,

Son masque couvre l’horreur.

 

Tu te crois naïvement,

Oh toi, Pauvre Misère,

La victime de son chant,

La souffrance de sa chair.

 

Tu ne cherches pas l’amour,

Mais un maître mortifère,

Tes yeux te jouent des tours,

Et le goût est amer.

 

Unité illusoire,

Qui croit aimer et rire,

Deux êtres en désespoir,

Qui n’ont rien à s’offrir.

 

Acteurs de la passion,

Aimant la destruction,

Accro aux sensations,

Doux rêveurs de fusion.

 

Pour ces amants du pire,

Le plaisir c’est souffrir,

Du vivant au mourir,

Il suffit juste de jouir.

 

Dans une danse infinie,

On les confond dès lors,

Leurs monstrueuses envies,

Leur dévorent le corps.

 

Et chaque soir un peu mieux,

Au palais de miroirs,

S’essoufflera le feu,

Les plongeant dans le noir.

 

Soumission et Emprise,

Quelle terrible entremise,

Narcisse n’est pas un roi,

Il se nourrit de toi…

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